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Les Lignes de Tidiane Kassé

Les caisses lestées de 23 millions de francs, un bus de 35 places qui attend livraison chez le concessionnaire…

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Plus qu’avec ses 3-0 réussis hier dimanche devant la Linguère, pour le compte de la 12e journée de Ligue 1 Orange, c’est au palais de la République que s’est joué, pour une bonne part, l’avenir de la saison pour le Casa Sports.

La prodigalité du chef de l’Etat à l’endroit du club ziguinchorois est d’une opportunité qui fait penser à la prothèse qui ramène un handicapé à sa condition debout. Mais il n’y a pas un club sénégalais qui vit son football dans le bonheur. La décision de Macky Sall est une heureuse discrimination positive en faveur du Casa. La saluer n’empêche pas de poser ce qui relève d’une indigence généralisée.

Dans la dérive que connaît le Casa, avec une phase aller de championnat difficile, on sait que tout ne tient pas seulement du sportif. Cheminer en permanence vers le Nord, mais aussi se délocaliser vers l’Est avec Kolda pour base, impose une errance qui ne favorise guère la performance.

On sait ce qu’il en coûte au Casa d’exister et de participer à ce qui fait la dimension nationale du championnat. Excentré, enclavé, soumis aux rigueurs d’un réseau routier chaotique, ses périples réguliers sont autant de chemins de croix.

L’acte posé par le président de la République n’est ni à remettre en question, encore moins à remettre en cause. Elle est à situer dans une globale perspective de justice et d’équité. Car promouvoir une discrimination positive, c’est chercher à favoriser l’équilibre qui facilite l’égale participation de tous.

Les difficultés vécues par le Casa sont énormes, mais ses contraintes sont celles de tout club sénégalais. Seules l’ampleur et les dimensions différent. Ce club mérite des faveurs, mais sur le même registre (pas dans les mêmes proportions), des urgences s’expriment partout.

L’équité impose que le président de la République offre un bus d’au moins 25 places à chacun des clubs de Ligue 1. Que la location ou l’entretien des sièges, pour ceux qui en ont déjà, soit subventionnée au même niveau pour tous.

Il s’agit de deux niveaux d’intervention qui participent à conforter l’identité d’un club. Un bus à ses couleurs qui sillonnent les rues est une forme d’affirmation existentielle. Un local est aussi un lieu de convergence où le patrimoine, le vécu, le tissu communautaire qui s’exprime donnent corps à une existence formelle. En plus, tous ces deux éléments sont gages d’un confort qui participe à la performance d’une équipe.

Depuis six ans que le football professionnel existe au Sénégal, aucun acte n’a été posé par l’Etat pour favoriser son essor. On est à un moment où on aurait dû commencer à discuter de ses conditions d’épanouissement, mais tout balbutie encore. Il n’appartient pas à l’Etat de pousser la machine, il peut aider à huiler les circuits.

Renouveler le parc automobile des clubs de Ligue 1 tous les cinq ans (laisser la Ligue 2 aux municipalités), leur allouer une subvention annuelle pour améliorer le fonctionnement des sièges est un acte de volonté politique qui peut changer bien des choses dans le football sénégalais.

Il s’agit de penser à tous

En 2007, le Casa Sports avait bénéficié du même don, pour un bus de 35 places, de la part du président Abdoulaye Wade. Le même souci de mobilité avait rapporté à ce club un partenariat avec la défunte Air Sénégal International, lui permettant de voyager en avion. De même que Niary Tally a eu à tirer des faveurs de l’implication, dans sa direction, de membres de la famille de l’ex-chef d’Etat.

Aucun de ces actes ne souffre du péché du superflu, face aux besoins des clubs sénégalais. Mais à force de tirer la couverture d’un côté, on finit par dénuder la misère des autres. Se limiter à compenser des handicaps sans travailler à faire progresser les autres éléments qui font l’ensemble, revient à niveler et à faire plafonner les carences. Tirer le Casa vers le haut n’a de sens que si on accompagne ou facilite la marche des autres vers un meilleur être.

On peut tout justifier au regard de la spécificité de la région de Casamance (géographique ou autres) et au symbolisme que représente le Casa Sports dans l’expression d’une identité collective pour le football sénégalais tout dans la réalité d’une identité nationale blessée par l’irrédentisme du Mfdc. Mais il ne faut pas que les égards qui compensent créent les privations qui frustrent. Surtout quand des coïncidences offrent des lectures qui n’ont rien de sportifs.

Il y a quelques jours, le chef d’une des ailes militaires du Mfdc, Salif Sadio, offrait 3,5 millions de francs pour la réparation du scanner de l’hôpital régional de Ziguinchor. L’acte est inédit. Le geste posé par Macky Sall, dans la foulée, n’est pas inédit, mais il est tout aussi fort en direction d’un des symboles de la Casamance que le Casa Sports incarne.

Mais au-delà, ce sont des centaines de clubs qui incarnent le football sénégalais.

 

Waasport

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