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Ils sont les derniers, mais aussi les seuls, à avoir participé à la grande messe du football mondial. Les joueurs de la génération 2002 avaient trouvé la voie qui mène à la Coupe du monde (alors co-organisée par le Japon et la Corée du Sud) à travers un parcours difficilement entamé, dans un groupe compliqué (avec notamment, l’Algérie, l’Egypte et le Maroc), mais parachevé avec brio (victoire 5-0 à l’extérieur) un certain 21 juillet 2001 à Windhoek, en Namibie. Plus de 12 ans après, Henri Camara, titulaire lors de ce match, Moussa Ndiaye, dernier buteur, Oumar Diallo et Alassane Ndour, restés sur le banc, rouvrent le cahier des souvenirs et donnent la recette à leurs successeurs qui disputent à la Côte d’Ivoire, la clé de la dernière porte du Mondial. Le format n’est plus le même, le dernier adversaire non plus et la destination de la compétition non plus, mais c’est aussi autant de belles raisons de se surpasser. Paroles de Lions.

ALASSANE NDOUR : «Il faut que toute une Nation s’y mette»

«La dernière défaite contre la Côte d’Ivoire doit nous servir à grandir»

«Les éliminatoires de la Coupe du monde, ça donne toujours de superbes sensations. On joue contre de belles équipes avec une grosse récompense qui attend au bout. Il y avait donc beaucoup de pression et l’adrénaline monte au fur et à mesure qu’on s’approche du but. Quand on est à un ou deux matches d’une Coupe du monde, il est difficile de penser à autre chose. Ce sont des périodes à vivre en tant que footballeur. Notre dernier adversaire avant le Mondial 2002, c’était la Namibie. Ce n’est pas la même chose que la Côte d’Ivoire, c’est sûr, mais on avait eu aussi à sortir des gros comme le Maroc, l’Egypte, l’Algérie. Le chemin pour aller en Coupe du monde est toujours très difficile. Alors, quand on fait un parcours honorable jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un adversaire, cela veut dire qu’on n’est pas minables et ce qui reste, c’est de parachever le travail. Pour ça, il faut une bonne dose de motivation, mais aussi un climat de sérénité et un sentiment de fierté qu’on acquiert en sentant qu’il y a une grande cohésion de tout un peuple autour d’une cause commune. Une qualification en Coupe du monde, on la cherche plus qu’en équipe. Il faut que toute une Nation s’y mette. C’est pourquoi, j’en appelle à tout le monde, principalement aux dirigeants, à faire preuve de grandeur et d’ouverture, d’associer tout le monde. Nous avions bénéficié du soutien constant de nos aînés comme Bocandé, Roger Mendy, Séga Sakho. Aujourd’hui, nous serons très honorés qu’on nous implique pour motiver davantage nos jeunes frères. C’est sûr qu’un discours, une visite des joueurs de 2002 ne ferait que booster leur moral. La dernière défaite contre la Côte d’Ivoire doit nous servir à grandir.»

MOUSSA NDIAYE : «Nous n’avons jamais été aussi proches de revivre les moments de 2002»

«Nous avons envie de vivre ces émotions dans la peau de supporteurs»

«C’est un combat à dimension nationale à laquelle tous les citoyens doivent se joindre»

«Un footballeur ne peut pas vivre une compétition plus excitante que la Coupe du monde. Quand on la joue, quand on participe à faire qualifier son pays, on est à jamais inscrit dans les annales. Cela vaut tous les sacrifices. Et au-delà de cet aspect, cela participe à faire évoluer la carrière de tous les joueurs, car les caméras seront braquées sur le pays et même ceux qui ne sont pas de la sélection peuvent en profiter pour mieux se vendre aux équipes professionnelles. Ce sont des moments à vivre et depuis lors, nous n’avons jamais été aussi proches de revivre cela. Aujourd’hui, c’est vrai que la Côte d’Ivoire compte de grands joueurs dans ses rangs, mais en Equipe nationale, ce n’est pas ce qui compte le plus. Il faut plutôt de la motivation, de l’envie, de la détermination et surtout une grande solidarité à tous les niveaux. Ce n’est jamais facile, mais il ne faut jamais lâcher. A l’approche de notre dernier match contre la Namibie, même en club, on gardait toujours une pensée pour ce match et la possibilité d’aller au Mondial au bout. Il y a une sorte de pression, mais aussi de fierté qui grandit de jour en jour. On avait réussi ce match malgré les conditions (Ndlr : il faisait très froid, Pape Sarr était exclu à la 66e minute et il fallait aussi guetter le score du match Algérie-Maroc). Mais de savoir que tous les Sénégalais étaient unis derrière nous pour nous pousser à tout donner pour notre drapeau. J’ai marqué le dernier but de ce match et le souvenir reste gravé en moi. J’espère que mes jeunes frères auront la même mentalité et qu’ils marcheront sur nos pas. Après avoir connu ça comme joueurs, nous avons envie de vivre ces émotions dans la peau de supporteurs. C’est un combat à dimension nationale à laquelle tous les citoyens doivent se joindre. C’est ce qui faisait notre force en 2002. Nous sentions le soutien de tout le peuple. L’Equipe nationale, c’est l’affaire de tous. Nous sentions cela quand nous étions joueurs, aujourd’hui, nous n’attendons qu’on nous dise de venir apporter notre aide pour venir encourager les jeunes en regroupement, leur parler, les motiver.»

HENRI CAMARA, INTERNATIONAL SENEGALAIS

«On avait la rage de vaincre»

 

«Il n’y a pas de tirage facile. La Côte d’Ivoire fait certes partie des plus grandes équipes africaines, mais elle est un peu vieillissante. Face à une Equipe du Sénégal jeune, ils vont jouer sur leur expérience. Aux Lions maintenant d’aborder ces deux matches avec une bonne mentalité, sans complexe. Cela a été un des handicaps de l’équipe aux éliminatoires de la Can 2013. Le comportement des joueurs avant et pendant le match déterminera le contenu. Il ne faut pas trop se focaliser sur les noms des Ivoiriens. Cet aspect a été un de nos atouts majeurs en 2002 quand on était aussi proche de la qualification. Notre match référence, pour moi, n’était pas le dernier (Namibie), mais l’avant-dernier contre les Lions de l’Atlas. Avec deux phases finales, des joueurs confirmés, le Maroc était, sur le papier, supérieur au Sénégal. Mais sans complexe, nous sommes allés le défier à domicile avant de le battre à Dakar (1-0). Le match nul (0-0) à l’aller avec la complicité de l’arbitre (un but du Sénégal refusé) nous avait donné plus de rage au retour. A Dakar, nous sommes allés au stade avec une seule et ferme volonté : gagner. Il y avait une discipline tactique exemplaire et une volonté sans commune mesure. Les Lions n’ont qu’à s’inspirer de cet exemple. Ils sont jeunes et ont besoin d’écrire une page de leur histoire. Ils doivent en vouloir plus que les Ivoiriens. C’est aussi le match du coach. Il doit aider ses joueurs à se transcender à se surpasser face à cet adversaire supposé plus fort. Metsu avait cette faculté à toucher les cordes sensibles de chacun de nous. Il pouvait transformer un joueur en monstre. Le coach (Giresse) doit muscler son discours. C’est un entraîneur d’expérience, un ancien footballeur de haut niveau, il saura prendre la mesure de la température.»

OUMAR DIALLO, GARDIEN DE BUT

«Le mental était notre arme»

 

«Avant notre qualification, Caire 86 était la référence au Sénégal. L’objectif premier était de faire mieux que la Génération 86. Ce qui ne pouvait passer que par une qualification au Mondial ou une victoire en phase finale de la Coupe d’Afrique. C’était notre rêve. On se voyait mal aussi de décevoir le public sénégalais qui était collé à l’équipe. On était mentalement prêt à relever ces défis aussi bien contre la Namibie que contre le Maroc. On était guidé par cette envie d’écrire une nouvelle page de l’histoire du football sénégalais. A l’époque, on ne pouvait pas accepter la domination des équipes supposées plus fortes : Egypte et Maroc. Quand on a eu l’occasion de rencontrer le Maroc, une des plus belles équipes africaines à l’époque, on avait pris cette rencontre comme étant une chance à saisir pour se mettre en valeur, mais aussi atteindre notre objectif : se qualifier au Mondial pour la première fois. La victoire à Dakar nous avait donné plus de stimulant parce que la Namibie était dernière du classement. C’est ce match qui nous a lancés.»

iGFM

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