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Quelque chose fait sortir l’équipe olympique de l’ordinaire. Comme si, accrochée aux cinq anneaux qui fondent la chaine de solidarité et crée une force des cœurs et des esprits, elle reste toujours animée par cette volonté d’aller plus vite, monter plus haut et frapper plus fort. S’installant ainsi dans une dynamique de séduction toujours recommencée.

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Le 2-2 enregistré contre la Colombie, samedi, en Argentine, est une belle œuvre. On en a capté des instants fugaces, en le suivant sur l’internet. Mais il s’agit d’instants ayant encore cette fulgurance qui suscitait l’émerveillement durant leurs joyeuses gambades des Jeux olympiques de Londres en 2012. A l’époque, les Olympiques avaient fait nul avec l’Angleterre de Ryan Giggs (1-1), dominé l’Uruguay de Cavani et Suarez (2-0), pour tomber en quarts de finale devant le Mexique (4-2), futur vainqueur de l’épreuve.

On peut penser que c’est le football du cône sud de l’Amérique et celui de son cordon ombilical central qui réussissent au Sénégal. On le dit en pensant à cette victoire sur la Bolivie avant le Mondial-2002 (2-1). De même qu’au 3-3 arraché par l’Uruguay aux «Lions» lors de ce même Mondial (mi-temps 3-0). A quoi s’ajoute ce résultat contre la Colombie.

On peut même remonter à 1967 et rappeler que quand Santos Fc est venu à Dakar avec Pelé, sa victoire sur la sélection du Cap Vert (région de Dakar) n’était «que» par 3-1.

D’aucuns peuvent documenter les similitudes et les parentés sénégalo-sud-américaines, qui font que le défi porté sur l’autre versant de l’Atlantique n’est jamais au-delà du possible sénégalais. Avant la dérive des continents on était dans le même bloc de Terre, avec l’Amérique du Sud enfoncée dans le Golfe de Guinée. Quand l’ignoble traite négrière a vidé le continent africain de son meilleur potentiel humain, c’est sur ces terres brésiliennes, colombiennes, etc., que le sang du Mandingo est aller verser les globules de sa sève vitale.

Le football en Amérique du sud est donc une histoire écrite d’encre noire. Ce qu’on partage, et que les Afro-descendants de l’autre rive ont porté à une excellence supérieure, permet de les tutoyer. Sauf qu’une telle audace ne peut reposer sur la facilité. Il faut gravir des montagnes pour pouvoir porter ce défi. Ce que l’équipe nationale a fait.

L’exploit des Olympiques (menés par 2-0 à la mi-temps) ne peut s’expliquer par l’évocation des origines, même si c’est un plaisir de rappeler cette réalité. Il y a quelque chose de plus palpable dans la nouvelle œuvre de séduction posée samedi par le groupe d’Aliou Cissé. Cette équipe a des talents individuels, mais elle a surtout un état d’esprit. Il était remarquable lors des Jo, il ne semble pas s’être ridé entretemps.

Quand une telle continuité s’exprime malgré le temps qui passe et les hommes qui changent, il faut chercher le facteur de constance dans la variable qui fédère, impulse, oriente et construit. On commence à reconnaître et à aimer l’empreinte d’Aliou Cissé.

Cette équipe olympique a de la gueule. Son talent individuel et collectif ne fait pas encore monter au plafond, mais on lui trouve du tempérament et de la volonté. Les pressings sont agressifs, souvent bien coordonnés. L’audace libère (le 2e but) et on sent de la confiance dans les gestes techniques comme dans la construction. Le collectif est animé par des énergies plurielles qui cherchent à se compléter en tirant vers le haut. L’équipe a la force des collectifs où l’interdépendance se bâtit autant sur les différences que sur les valeurs qui les agrègent. En somme, on lui trouve un esprit d’équipe.

Ce n’est pas le plus simple, pour une sélection nationale, que d’en arriver à ce stade où les vertus du collectif peuvent s’exprimer de différentes manières selon les circonstances, les attentes et les défis. Ce qu’il a été donné de voir dans la seconde partie de Colombie-Sénégal, où les «Lions» ont joué leur survie ou le chaos, tient de l’esprit commando. L’individu ne compte plus, le projet commun cherche son aboutissement dans une réalisation collective.

Les Olympiques ont une évolution intéressante. On ne cherchera pas à les comparer avec les A. Chaque groupe à sa dynamique qui obéit aux individualités qui la composent et aux interactions qui les animent. Ils dégagent par contre un influx dont les ondes positives méritent d’être considérées.

L’adversaire, mondialiste dans une dizaine de jours, aurait pu concasser la bande à Aliou Cissé et la ravaler à une simple condition de bitume sur la route du Brésil. On aurait juste acquiescé, mesuré la différence et rappelé l’exigence de travail. Mais c’est à cela que sert, à un groupe, de s’engager dans des situations qui portent le défi vers des visées plus élevées : se sublimer. En comparaison, le match des A contre le Kosovo était d’une portée constructive à faible degré.

Depuis trois ans, le travail de base dans l’antichambre de la «Tanière» rassure quant au potentiel à venir. Le renouvellement ne le désagrège pas et ses éléments qui «déclassent» apportent une valeur ajoutée considérable à la sélection A. Ce qui se fait est à saluer. La tentation peut être grande de tisser un nouveau manteau à Aliou CIssé. Mais il faut éviter ces prêts-à-porter de circonstance qui déteignent au premier lavage et raccourcissent au deuxième. Le temps joue pour lui et lui même évolue dans la maitrise des expériences qui guident vers l’expertise confirmée.

Projeté trop tôt, Bocandé s’était consumé en brûlant sur le banc des «Lions». Sa propre énergie non encore maîtrisée encore moins confirmée lui avait été fatale. C’est un syndrome dont Aliou Cissé a su se garder. Il s’en porte bien, le football sénégalais aussi.

Waasport

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