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Dans le cadre général de l’évolution du football professionnel au Sénégal, on se cherche sans être certain que les lueurs qui émergent sont porteuses d’un futur bonheur. Avec un environnement économique moribond, un cadre juridique fantôme et un niveau d’expression technique qui n’a pas encore valeur de spectacle, seule une foi passionnelle nourrit encore les certitudes qui s’affirment.

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Cinq saisons ne suffisent cependant pas à gommer les scories du passé et à marquer des ruptures profondes. Le processus de maturation est souvent plus long. Mais c’est quand les étapes s’enchaînent vers l’avant, structurent un cadre de performance, offrent une traçabilité logique et produisent des résultats qu’on peut se dire que la roue de l’histoire tourne dans le bon sens. C’est ce qui se dessine.

La nouvelle saison de Ligue Pro, qui démarre ce weekend, se présente ainsi sous un nouveau cadre référentiel. Son expression optimale et efficiente pourrait poser des jalons positifs dans la stabilisation et la consolidation de l’œuvre en construction. Ce cadre se traduit dans la nomination de l’ancien directeur technique national, par ailleurs spécialiste en management du sport, comme directeur exécutif de la Ligue professionnelle.

Dans le double profil qui est le sien, Amsatou Fall arrive dans une phase critique, avec des challenges importants.

La Ligue Pro sort d’une saison où elle a pu asseoir, pour la première fois depuis sa mise en place, les bases d’un développement rationnel. On a eu droit à un calendrier maîtrisé, à un comportement plus responsable des clubs qui se perdaient dans des contentieux infantiles et dans des entreprises de blocage débiles.

Cet environnement apaisé et une pratique régulière des compétitions ont permis de valoriser une compétition, dont l’effort de qualité se traduit dans une meilleure expression technique des pratiquants.

L’édifice est encore bancal. L’élimination de l’équipe nationale locale du Chan-2014 par la Mauritanie, les sorties prématurées des clubs en coupes d’Afrique et le récent parcours chaotique enregistré au tournoi de l’Uemoa mettent encore à nu les incapacités d’un football que les puissances émergentes de la sous-région (Bénin, Burkina, Niger) enfoncent des batailles de bas étages.

Les termes de référence dressés pour Amsatou Fall l’interpellent sans doute au plan technique, managérial et gestionnaire. Tout ce qui permet de poser un cadre de conduite moderne et efficace, pour l’accomplissement d’une feuille de route dont l’aboutissement demeure l’excellence au niveau local et africain. Heureuse occurrence, la dernière fois qu’une équipe sénégalaise est allée en demi-finales de Ligue des champions, en 2004, il était à sa tête. La Jeanne d’Arc de Dakar était tombée devant les Tunisiens de l’Etoile sportive du Sahel.

Les défis de consolidation des acquis actuels et de mise en place d’un meilleur cadre de performance qui se posent à la Ligue Pro et à son nouveau directeur, imposent des convergences utiles entre techniciens et administratifs. Cela nécessite des concertations qui peuvent aider à la stabilité des clubs, à une meilleure planification/organisation des événements sportifs, à une optimisation des maigres ressources, mais aussi à la réflexion technique sur les conditions et les moyens de performance pour rendre ce football plus attractif.

En termes de développement, le football sénégalais n’est aujourd’hui apprécié qu’à l’aune de ses résultats sur le terrain. Toute élimination est une catastrophe, une sorte de retour à la case des nuls. L’entreprise de destruction est permanente, qui empêche de construire dans la cohérence, la rigueur et la durée.

D’autres paramètres d’appréciation sont nécessaires, qui offriraient une lecture moins passionnée et plus rigoureuse de l’évolution du football sénégalais. Qu’il s’agisse d’une cartographie qui permette de mesurer l’étendue de la pratique et l’évolution de son potentiel de licenciés à travers les générations, de l’évaluation d’un marché dont le potentiel économique reste flou ,mais qui demeure sans doute important, ou encore d’une réflexion qui pose la valeur ajoutée que porte le football en termes de développement local ou national, pour pousser l’Etat et les collectivités à adopter des politiques préférentielles.

L’administration du football sénégalais a longtemps constitué une source de faiblesses structurelles. Les moyens étant dérisoires, les compétences limitées en nombre, l’exercice revient souvent à gérer les affaires courantes. On en est même arrivé à des situations où les «capacités» en place s’avéraient incapables de lire et d’interpréter les règlements. A fortiori gérer une administration écrite.

Il s’agit de limites qui plombent encore la Fédération sénégalaise de football, où l’activisme reste l’un des meilleurs moyens pour prendre l’ascenseur. On le sent souvent dans la prise en charge de l’équipe nationale et dans les rapports avec la tutelle.

Pour la Ligue Pro, un virage s’opère. Quelque chose d’intéressant émerge des coulisses avec cette direction exécutive. C’est un indice, on attend de voir les tendances.

 

Waasport

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