Publicité

Temps de jeu faible des gardiens de but en clubs, instabilité au poste de numéro 1, rencontre contre la Côte d’Ivoire, Oumar Diallo crache ses vérités. L’ancien portier des Lions, actuel préparateur des gardiens à Khourigba (Maroc), ne met pas de gants.

Publicité

 

En l’espace d’un an, le Sénégal va rencontrer la Côte d’Ivoire qui l’avait éliminé aux éliminatoires de la Can 2013. En quoi les deux matches disputés en septembre à Abidjan (4-2) et en octobre à Dakar (0-2) peuvent aider les Lions à aborder les prochaines rencontres ?

Je perçois ces deux prochains matches comme étant une seconde chance qu’on nous donne. Les deux défaites aux éliminatoires de la Can 2013 et leurs conséquences sont encore fraîches dans les mémoires. Cette fois-ci, le Sénégal a la chance de bien connaître la Côte d’Ivoire pour l’avoir rencontré il y a juste un an. Depuis, l’effectif ivoirien n’a pas changé, contrairement au Sénégal. Qui a une autre chance, c’est d’aller jouer à Abidjan avant de recevoir. Ce match aller donnera aux Lions l’occasion de mieux étudier l’adversaire. On a besoin de guerrier pour se qualifier. Contre l’Ouganda à Marrakech, je n’avais pas senti un esprit de gagneur chez les Lions. Ils doivent avoir plus faim. C’est cette soif de gagner qui permet à l’équipe de se transcender. Les joueurs doivent se surpasser pour soulager les Sénégalais.

 

«Coundoul doit travailler ses sorties aériennes»

 

Des lacunes dues à un manque de compétition sont notées chez les gardiens des Lions. Quelle stratégie mettre en place pour combler le gap ?   

Je respecte les choix de l’entraîneur. Mais une chose est évidente : nos gardiens ne jouent pas en club. Et nous avons besoin de grands gardiens aux prochains matches. Le staff technique national devrait entrer en contact avec leurs clubs pour demander leur libération très tôt. Cette convocation anticipée permettra de leur faire faire un travail spécifique et renforcer leur mental. Les deux jours qu’ils restent en club sans jouer sont des jours perdus, alors que ces gardiens ont besoin d’accentuer le travail. Par rapport aussi à ses besoins en sélection, le préparateur des gardiens peut demander à leurs responsables en clubs un travail spécifique qui répond aux besoins de l’Equipe nationale. Sinon, on trouve un billet d’avion au préparateur des gardiens pour qu’il aille travailler avec son numéro 1. Un gardien ne peut pas être performant lors de ces matches de haut niveau quand il ne joue pas en club ou qu’il ne travaille pas la spécificité pour  combler le manque. Un gardien qui n’a pas de compétition n’aura pas de repère par rapport à la compétition. Mais on peut lui faire faire toutes les phases de jeu possibles, comme le faisait Mansour Wade avec Tony, pour que son cerveau puisse les intégrer. Une séance à tirs variantes. S’il ne fait pas se travail et qu’on veuille l’entraîner comme un gardien en compétition, on ne pourra rien lui apporter.

Avec Coundoul, on doit travailler davantage les sorties aériennes. Il doit accentuer le travail à ce niveau pour le bien de l’équipe. Contre l’Ouganda, on l’a vu faire de bonnes choses dans les duels à un contre un, mais dans les sorties aériennes, on a noté des lacunes. Je me garde de mettre le doigt sur ses lacunes pour ne pas trop mettre la puce à l’oreille des Ivoiriens. Mais il faudra de grands gardiens contre le Côte d’Ivoire pour se qualifier. Ça se jouera au nombre de buts marqués.

 

«Le tâtonnement a fait qu’on n’a pas de numéro 1 confirmé, après Tony»

 

En l’espace d’un an, le Sénégal est passé d’un numéro 1 (Ousmane Mané) à un autre (Coundoul)…

Aux éliminatoires de la Can 2013, on avait pris trop de buts et on n’avait pas su en marquer. Certains en ont profité pour faire porter le chapeau à un jeune gardien qui était portant sur une belle lancée. Je ne comprends pas la non-sélection de Ousmane Mané qui a fait une courbe aussi bonne : titulaire en Equipe nationale olympique, crédité d’une bonne participation aux JO, puis titulaire en Equipe nationale A et champion du Sénégal en club. Aujourd’hui, il n’est ni deuxième ni troisième. Sur quels critères les gens se sont basés pour l’éliminer ? J’ai ouï dire qu’il (Giresse) ne voulait pas le prendre parce que le championnat était terminé. Mais les gardiens convoqués n’ont aucune compétition. Pendant cette trêve, le préparateur des gardiens pouvait le prendre et travailler avec lui. Je ne veux pas polémiquer, mais je ne comprends pas ce qui se passe.

 

Comment expliquez-vous cette instabilité au poste de numéro 1 des gardiens de but ?

Depuis le départ de Tony Sylva, le Sénégal n’a pas de numéro 1 confirmé chez les gardiens parce qu’il y a beaucoup de tâtonnement. Tony Sylva a eu la chance d’apprendre de ses erreurs. On lui a laissé le temps de faire des bêtises, de se rectifier et de se lancer pour devenir le meilleur gardien d’Afrique. On lui a donné sa chance. Malheureusement, aujourd’hui, on ne laisse à aucun gardien la chance de faire des erreurs, de se rectifier et de progresser. Quand Bouna était titulaire, on l’a dégommé au bout de deux à trois matches. Quand Ousmane est venu, il a été critiqué par Jean ou Paul parce qu’il a été aidé par X ou Y. On le ressort pour remettre dans les buts Coundoul. Il est tant de décider. Actuellement, Coundoul est le meilleur. Il a joué tous les matches, on ne peut pas, à ce stade de la compétition, l’enlever. Tout le monde doit être derrière lui.

 

Comment motiver un numéro 1 par défaut ?

L’entraîneur des gardiens est son professeur de confiance. Un numéro 1 par défaut, il faut lui faire comprendre qu’au pays des aveugles les borgnes sont rois. C’est l’Equipe nationale qui a propulsé Tony et non Monaco. En club, il ne jouait pas.

 

Dans la peau d’un numéro 2 qu’est-ce qu’on ressent ?

Le statut de numéro 2 peut ne pas être un fardeau quand on n’a pas été numéro 1. Je l’avais vécu malgré moi (titulaire, il a été relégué sur le banc par Tony Sylva). Mais j’avais la chance d’avoir Tony comme ami, on se respectait beaucoup. Tony savait qu’il était le numéro 1, mondialement reconnu, mais n’était pas meilleur que moi. Seulement à cette période, il était plus performant. Je l’avais accepté, mais cela ne voulait pas dire qu’en son absence, il n’y avait plus de gardien en Equipe nationale. Le problème est vite réglé si le titulaire s’affirme pendant les matches.

 

iGFM

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici