Le Directeur technique régional (Dtr) de Dakar, Pape Camara, est revenu sur l’élimination au premier tour préliminaire de Diambars en Ligue des champions et du Jaraaf en Coupe de la Caf. Selon lui, le manque d’expérience des clubs et la peur des coachs sénégalais de perdre les matchs à domicile a beaucoup pesé sur leur manque de performance.
Diambars et Jaraaf, comme il est de coutume pour les clubs sénégalais, ont été écartés des compétitions africaines au premier tour préliminaire. Quels impacts cette élimination précoce pourrait- elle avoir sur le football sénégalais au niveau international ?
C’est sûr que cette élimination précoce des clubs sénégalais en compétitions africaines peut avoir des répercutions négatives sur le football national et au niveau international. D’abord, parce que l’équipe nationale du Sénégal ne prendra pas part aux grands rendez-vous. Ensuite, du point de vue des statistiques, en quatre matchs, nos clubs (Diambars et Jaraaf) n’ont marqué qu’un seul but (le but de Diambars en match aller en Ligue des champions). Ce qui est drastique pour une performance sur lepoint de l’organisation offensive.
Qu’est-ce qui manque aux représentants du Sénégal en Afrique ?
Il y a l’inefficacité des attaquants devant le but qu’il faut relever. Le réalisme et l’adresse ont fait défaut. Il faut aussi déplorer le fait que les joueurs sénégalais ne tirent plus au but. Il faut remarquer que sur le seul but marqué, ce n’est pas parti d’une action élaborée. C’est des choses à corriger. L’autre aspect, c’est le manque d’expérience des joueurs en compétitions internationales. L’année dernière, il y avait le Casa Sport en Ligue des champions qui n’est pas très rompu à la compétition.
En Coupe de la Caf, Hlm était à sa première participation. C’est cette inexpérience qui s’est répercutée sur Boubacar Gadiaga avec Diambars. Pour cette formation, ayant à sa tête des dirigeants n’ayant pas l’habitude des compétitions africaines, il était difficile de faire une belle performance. En revanche, le Jaraaf a des gens qui connaissaient ces compétitions pour y avoir participé auparavant. Abdoulaye Sarr avait plus de chances d’être encadré par rapport à Gadiaga.
Le mental de conquérant, qui est déterminant en compétitions africaines, a également manqué aux clubs du Sénégal. Lors du match aller de Diambars à Mbour, j’ai pu remarquer que nos entraîneurs ont peur d’aller de l’avant. C’est cette crainte de perdre chez soi qui a pesé sur les deux rencontres. Il a fallu attendre des changements pour avoir des actions décisives et l’ouverture du score.
Est-ce que le manque de moyens et l’absence d’infrastructures ne jouent pas en défaveur de nos clubs ?
Du point de vue des infrastructures, il faut interpeller l’État qui a une grande part de responsabilité. Les infrastructures sportives sont vétustes et les seules aires de jeu restantes sont agressées par les promoteurs immobiliers. À Dakar, il n’existe presque pas de terrains de compétitions. Il y a moins de 10 terrains pour un total d’environ 100 clubs. Sur le plan financier également, ça reste. Financièrement les joueurs professionnels du Sénégal ne sont pas enviables.
Quelquefois, on a été témoin de boycott de séances d’entraînements par des joueurs parce qu’ils n’ont pas reçu leurs salaires. Mais cela ne justifie en rien la contre- performance des clubs. L’équipe de Yeggo, par exemple, est parvenu à l’élite du football sénégalais pendant ses périodes de crise. Le Guédiawaye FC, par contre, a été relégué en Ligue 2 l’année passée malgré ses gros moyens. Les moyens sont importants mais ne sont pas très déterminants dans la performance d’une équipe. L’envie, la rage de vaincre ont manqué à nos clubs et certaines déchéances techniques peuvent déterminer la performance.
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