Publicité

Plébiscité meilleur latéral gauche de la première partie de la Ligue 1 française, Pape Ndiaye Souaré veut continuer son petit bonhomme de chemin. En dépit de cette distinction honorifique, le défenseur sénégalais estime qu’il est loin de son objectif. Il a jeté un regard sur la sélection nationale à qui il prédit un avenir meilleur. Entretien

Publicité

Pape, quelle appréciation faites-vous des prestations de Diambars dans le championnat sénégalais ?

C’est une grande fierté pour tous les produits de Diambars qui y ont été formés. Vous ne pouvez pas imaginer ce que nous ressentons en voyant cette équipe jouer. Et je dirai que ce soit sur le plan footballistique ou comportemental, on a été bien formé et cela nous sert aujourd’hui dans nos clubs respectifs. On n’a pas eu la chance de jouer la Ligue 1 sénégalaise, mais on suit notre équipe match après match.

Avez-vous fêté son premier titre de champion du Sénégal ?

De loin, ça nous a fait beaucoup plaisir, surtout en recevant le message du président Saër Seck. À notre tour, nous sommes rentrés dans les réseaux sociaux pour féliciter tout le monde et manifester notre joie d’appartenir à ce brillant centre qui est une référence au Sénégal.

Parlez-nous de vos débuts à Lille…

J’ai été repéré lors d’un tournoi contre les U18 de Lille et les recruteurs du club se sont intéressés à moi. Ce n’était pas évident d’arriver à ce stade. Quand j’intégrais l’équipe professionnelle, il y avait beaucoup de concurrence parce qu’il y avait pas mal de grands footballeurs, que ce soit Emerson ou Franck Béria. J’ai mis du temps à m’intégrer dans l’équipe.
Aujourd’hui, ça fait plaisir de retrouver les pelouses tous les weekends surtout dans un club où on a terminé son cycle de formation.

Est-ce un motif de satisfaction de faire partie de l’équipe-type du quotidien L’Équipe pour la première phase de la Ligue 1 ? 

C’est une source de motivation, mais pas une fin en soi. On est loin de la fin de saison. Moi, je ne me prends pas la tête, je continuerai à travailler. Mon voeu, c’est d’être dans l’équipe-type en fin de saison. Cette  distinction est intéressante et motivante. Mais, je n’ai pas encore atteint mon objectif.

Quel bilan à mi-parcours tirez vous de votre saison ?

Sur le plan personnel, je pense que je peux mieux faire. Je sens que le meilleur est à venir. Maintenant à moi de me transcender sur le terrain. Je sais que ça ne sera pas facile, mais j’essaierai de travailler pour y arriver. Et sur le plan collectif, on fait en ce moment des choses intéressantes. Au début, on n’aurait pas parié une telle saison à miparcours avec l’effectif que nous possédons. On a 40 points et si on réussit à en avoir 40 autres en fin de saison, ça serait super pour nous. L’objectif qu’on s’est fixé en
début de saison, c’est de terminer 5ème. Aujourd’hui, qu’on est à la 3ème place, je pense qu’on peut faire plus, bien qu’on n’ait pas les mêmes moyens que nos concurrents, le PSG et Monaco.

Qu’est-ce qui a motivé votre départ de Lille pour Reims ?

Avant d’aller à Reims, c’était trop compliqué pour moi. Je ne faisais pas partie du groupe de Lille quand je suis rentré des Jeux Olympiques. Mon passage à Reims ne sera pas oublié parce que c’est l’équipe qui m’a donné le goût de rejouer tous les week-ends. Ils m’ont ouvert leurs portes et grâce à eux, j’ai gagné en maturité et en temps de jeu tout en découvrant la Ligue 1. J’avais un temps de jeu mince à Lille.

N’y étiez-vous pas dépaysé ?

Non au contraire, je m’étais dit que c’était une occasion pour moi de montrer ce dont j’étais capable. J’ai enchaîné les matchs et cela m’a donné une vision par rapport à ce que je voulais et ce qui m’attendait.

Pouvons-nous considérer que vous grandissez aujourd’hui à Lille ?

Cette année, j’ai juste enchaîné des matchs avec Lille. J’essaie de toujours faire mieux et d’apporter ma touche pour aider l’équipe à rester collée au peloton de tête. C’est ce qui fait que René Girard, notre coach, compte sur moi et j’espère que ça continuera comme ça.

Quel est le secret de Lille ?

Si on y arrive, c’est parce qu’on a un bon collectif. Le coach ne néglige pas cet aspect qui lui paraît primordial. On sait tous que, collectivement, on doit être bon et que c’est notre atout majeur. On a aussi un gardien (le Nigérian Enyeama) qui a envie de progresser. Nous qui le connaissons savons que c’est un grand gardien de but. Même quand il ne jouait pas,  il se défonçait aux entraînements.

Comment Vincent Enyeama s’est-il comporté quand il a encaissé son premier but dix matchs après ? 

Enyeama est un joueur qui mise beaucoup sur Dieu. Quand ça s’est arrêté à Bordeaux, en tant que joueurs de champs, on avait mal pour lui parce qu’on souhaitait qu’il batte le record, mais quand on est rentré dans les vestiaires, il était le premier à nous dire que c’est la volonté de Dieu. Il n’était pas du tout touché.

Comment avez-vous géré votre duel avec le Marseillais Thauvin, qui était votre coéquipier à Lille ? 

Ça s’est très bien passé (Eclats de rires). C’est clair que c’est un joueur très bon balle au pied. Je savais que ça serait un bon duel. Mais bon, ça a été.

Et votre rencontre avec Ibrahimovic ?

Face au PSG, pour la 18ème journée, j’étais plus en duel avec Lucas Moura qu’avec Ibrahimovic. Mais on avait la chance qu’Ibra n’était pas en forme ce jour-là. Mais là aussi ça s’est bien passé. On avait un système de jeu qu’on a respecté.

Pouvons nous considérer que 2012 était une année faste pour vous ?

Il y a eu beaucoup de choses qui se sont passées en 2012. C’est en cette année que nous avons découvert les Jeux Olympiques à Londres, que j’ai été sélectionné pour la première fois en équipe nationale A sans oublier le temps de jeu que Reims m’a offert. Franchement, je n’oublierai pas l’année 2012.

Donc, Londres a été la naissance d’un groupe ?

Je pense qu’on y a grandi ensemble. On se connaissait déjà en tant que cadets avant de se retrouver sur d’autres paliers des sélections nationales. On est toujours content de se retrouver et on reste toujours solidaire, sur le terrain comme dans la vie active. Les JO de Londres nous ont beaucoup aidés à raffermir les liens entre nous.

Titulaire à Lille et en équipe nationale, est-ce à dire que vous êtes le patron du côté gauche ?

Non, moi je ne suis patron de rien nulle part. Que ce soit à Lille ou en équipe nationale, je ne suis pas indispensable. A chaque fois que je bénéficie de la confiance du coach, j’essaie de donner le meilleur de moi même tant en club qu’en sélection. S’il trouve qu’il y a quelqu’un qui est plus fort que moi et montre plus d’aptitudes, je l’accepte sans problème. J’accepte toujours le choix de mes entraîneurs.

Mais c’est quand même motivant…

C’est clair que ça motive et ça donne envie de continuer le travail pour garder la forme. Le football va tellement vite que l’on doit toujours rester concentré.

À 23 ans, comment un joueur doit gérer son statut surtout quand il y a beaucoup de projecteurs braqués sur lui ?

Ceux qui se prennent pour des stars gèrent souvent mal ce statut. Moi, j’ai toujours gardé les mêmes amis et je n’incarne pas un statut de star.
Je reste calme et naturel et je n’ai pas changé mes habitudes. On s’amuse bien quand on se voit et on se rappelle les bons moments que nous avons vécus ensemble. Franchement, rien n’a changé dans mes relations avec mes potes.

Quel est votre poste de prédilection ?

Ça fait des années que je joue comme arrière gauche et je m’y plais beaucoup. J’ai, en un moment, dépanné au milieu de terrain et à mes débuts à Diambars j’ai joué comme axe central. Aujourd’hui, ma base reste le flanc gauche.

Votre coéquipier en club, Salomon Kalou, sera au Mondial au mois de juin prochain tandis que vous, vous serez face au téléviseur. Un pincement au coeur ?

Oui, mais surtout au match aller. Mais au retour, il a vu qu’on avait les moyens et les armes pour y aller. Il avait très peur. Et à la fin du match, il nous l’a signifié. Si on avait joué comme ça au match aller, on
serait aujourd’hui au Mondial. Mais ce n’est pas grave, à nous maintenant de savoir comment se comporter pour démarrer au mieux toutes nos rencontres.

Qu’est-ce qui vous a manqué face à la Côte d’Ivoire ?

Je pense que la qualification s’est jouée à Abidjan. Au match retour, tous les ingrédients étaient bien réunis pour nous. Maintenant, nous avons mûri en expérience, nous sommes une équipe jeune qui a grandi en expérience. La prochaine fois, on mettra tout en oeuvre pour ne plus connaître ce genre de situation.

Et si le dernier match s’était joué à Dakar ?

C’est sur le terrain que tout se passe. C’est clair que le public apporte son soutien, mais tout se décide sur la pelouse. À Dakar ou au Maroc comme ça été le cas, il fallait montrer qu’on avait envie de défendre les couleurs de notre pays. La motivation de partir au Mondial était déjà là, mais c’est la réussite qui nous a fait défaut.

S’il y a des regrets, il doit aussi y avoir des enseignements à tirer de cette rencontre, non ?

On a tiré beaucoup de leçons de cette rencontre. Comme je l’ai dit, c’est une expérience de plus, à nous d’en tirer profit. On sait qu’après cette rencontre, les adversaires nous surveilleront de près.

Ne pensez-vous pas qu’une conclusion hâtive a été tirée au terme de cette prestation ?

On ne doit jamais tirer une conclusion. Moi, je pense à l’avenir de l’équipe du Sénégal. On doit continuer à travailler et considérer le dernier match comme une leçon. Il nous permettra d’avancer. Audelà d’un simple match, celui que l’on a joué à Casablanca doit constituer comme un repère.

Etes-vous prêt à partir de Lille lors de ce mercato hivernal ? 

À vrai dire, je n’y pense pas du tout. J’ai envie de terminer cette saison à Lille. Après on verra. Ce n’est pas parce que c’est le mercato ou parce que j’ai fait une bonne première partie de saison que je dois à tout prix quitter Lille, non loin de là.

Confirmez-vous des contacts ?

Bien sûr. On peut toujours entendre des choses, mais moi je reste concentré sur ce que je fais. Pour l’instant, je suis Lillois et j’en suis fier.

Quelles sont vos relations avec Idrissa Gana Guèye, votre coéquipier à Lille ?

On est plus que des frères. Avec Idrissa, ça fait dix ans qu’on se côtoie et qu’on partage la même chambre tant en club qu’en sélection. Personne ne demande à l’autre s’il peut venir chez lui. Il peut débarquer chez moi quand il veut et à tout moment. Et vice-versa. Idy est une personne qui
fait partie de moi.

Stades

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici