Compétiteur dans l’âme. Quand Souleymane Diawara entre sur le terrain, c’est pour gagner. Quand il s’engage dans un duel, c’est pour le remporter. Quand il se confie dans un entretien, c’est sans concession. Avec sa franchise et sa bonne humeur habituelle.
Pour ma famille, je ne suis pas footballeur. Je suis le fils, le frère… “
Son enfance au Havre, dans la cité Caucriauville, a affiné ses traits de caractère. Une cité dortoir où son père a posé ses valises après avoir quitté le Sénégal. «Mon père est venu en France pour nous offrir une vie meilleure. Après être passé par Marseille et Paris, il s’est finalement arrêté au Havre. Il y a trouvé un emploi d’ouvrier dans une usine. Là, ma mère, mes frères et sœurs l’avons rejoint.» Une famille nombreuse composée de six frères et quatre sœurs dont Souley parle toujours avec la plus grande tendresse et reconnaissance. «Je suis perdu sans eux. Sans ma famille, je ne suis rien. Pour eux, je ne suis pas un footballeur. Je serai toujours le frère, le fils. Ils ont toujours été là pour moi. Je le serai toujours pour eux.» Un socle familial sur lequel il s’est toujours appuyé dans les moments difficiles.
Jean-Marc a laissé de côté les a priori négatifs. C’est un second père.”
Avant de vivre pleinement sa carrière, Souley en a bavé. Recalé à trois reprises du centre de formation du Havre, avant une rencontre. LA rencontre. Elle change le cours de sa vie. «Mon grand frère Salif est allé voir Jean-Marc Nobilo, le directeur du centre de formation du HAC de l’époque. Il a accepté de me faire effectuer un essai sans tenir compte des avis négatifs, des a priori négatifs de ses prédécesseurs. Un exemple ? Je venais de la cité. Monsieur Nobilo m’a donné ma chance. J’avais un contrat moral avec lui. J’ai énormément travaillé pour lui rendre la confiance qu’il m’avait alors donnée. Sans lui, je ne serais pas là aujourd’hui. Je lui dois tout. C’est un second père pour moi.» L’armure du solide défenseur à la double culture franco-sénégalaise se pourfend pour laisser parler le cœur.
Dieu m’a donné, je rends à mon tour.”
Dieu sait combien Souley a du cœur. Parrain de l’association «Graine 2 Tournesols», il ne manque jamais de donner un peu de son temps pour des enfants atteints de pathologies graves, ou de s’engager aux côtés d’Action contre la faim. «Dieu m’a donné. Je rends à mon tour. Tellement de gens souffrent, tellement de gens sont dans le besoin, si je peux aider de quelque manière que ce soit, c’est avec le plus grand plaisir.» Ses valeurs humaines vont de pair avec sa foi. «Je suis croyant. Chez nous autres musulmans, la notion de don et de partage est très importante. Je me sens le devoir de venir en aide à mon prochain.»
Du haut de ses 35 ans et de ses 1,87m, le n°21 de l’OM est reconnaissant envers la vie. Quand il regarde derrière, c’est avec fierté, mais aussi avec une pointe de regrets. «J’aurais peut-être pu faire mieux. Je n’ai pas toujours été bien conseillé. Ma réputation de fêtard m’a peut-être aussi porté préjudice. Je n’ai jamais caché que j’aimais sortir après un match, fêter une victoire. Mais de là à raconter que je sortais tout le temps… C’est exagéré. Je n’aurais jamais pu faire la carrière qui est la mienne. Je connais les exigences de mon métier, les responsabilités qui vont avec. » Epicurien assumé, il n’en demeure pas moins un professionnel invétéré.
Jamais , je n’en voudrai à un joueur retenu à ma place.”
En fin de contrat avec l’OM en fin de saison, Souleymane Diawara ne veut pas pour autant se prendre la tête. Ses préoccupations sont ailleurs : sur le rectangle vert. «J’ai bossé dur pour revenir après ma blessure au genou (ndlr : rupture du ligament croisé intérieur). La saison dernière, ce n’était pas évident pour moi. J’ai fait beaucoup de futsal pour compenser mon manque de temps de jeu. J’ai suivi une bonne préparation avec le groupe. Aujourd’hui, tout ce qui compte pour moi c’est de jouer et conserver ma place.» Un temps de jeu partagé avec Lucas Mendes au gré d’une concurrence des plus saines : «Quand l’un de nous deux se blesse, l’autre prend sa place, et vice-versa. On n’en parle pas spécialement entre nous. On s’entend très bien. Nous sommes voisins de vestiaire. Une chose est sûre, jamais je n’en voudrai à un joueur retenu à ma place. Il faut respecter les choix du coach. Le métier veut ça.»
Du métier, Souley commence à en avoir. Un atout majeur dans la période traversée actuellement par l’OM. Sa présence auprès des plus jeunes s’avère des plus utiles. «Je les conseille au mieux. Je me sens très proches d’eux. Ils viennent souvent à la maison. Nous discutons beaucoup ensemble. J’assume le rôle de grand frère.» Son expérience permet au défenseur central d’avoir un certain recul sur les résultats actuels et d’envisager la suite de la compétition avec optimisme. «On traverse une période délicate. Le point pris à Rennes fait du bien mentalement. Ça nous donne de la sérénité pour la suite. Il reste encore beaucoup de matches. Il ne faut pas tout remettre en cause. Il y a encore beaucoup de points à prendre. Je ne m’inquiète pas plus que ça. Les gens ne vont pas tarder à voir notre vrai visage.»
Le visage de guerrier si bien porté par Souley…
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