Ancien entraîneur au centre de formation de Lille où est passé Aliou Cissé, Régis Bogaert entretient «une relation de plus de vingt ans» avec le nouveau patron de l’Equipe A du Sénégal, dont il est aujourd’hui l’adjoint à la tête de la sélection nationale. Dans cet article, nous revenons sur son parcours et sur son compagnonnage avec Aliou Cissé, dont il sert de guide, d’éclaireur.
Nous sommes le 12 mars 2012. Cet après-midi-là, au Centre de formation professionnelle et technique Sénégal-Japon, à quelques encablures de la Foire de Dakar, Régis Bogaert était sur la pelouse, accompagné de Karim Séga Diouf et de son adjoint d’alors, Aliou Cissé. La sélection olympique sénégalaise, qualifiée pour les JO Londres 2012, effectuait sa dernière séance d’entraînement avant de s’envoler pour San Francisco (États-Unis) pour disputer un match amical contre le Mexique (1-2). Les quelques journalistes qui étaient au bord de la pelouse découvraient alors le visage de cet homme d’un âge mûr dont Karim Séga disait qu’il était comme «un père pour Aliou Cissé». C’est le début d’un nouveau parcours à deux sous la tunique du Sénégal. Bogaert a suivi Cissé comme son ombre, plus en guide qu’en fidèle lieutenant quand ce dernier faisait ses premiers pas à la tête de la sélection olympique (U23) après le départ de Karim Séga Diouf. Trois ans plus tard, c’est à la tête de l’Equipe nationale A du Sénégal que le duo écrira une nouvelle page de sa belle histoire. Comme un retour… vers le futur.
«Fier d’avoir contribué à ce qu’Aliou devienne l’homme qu’il est»
FLASHBACK – Quand Aliou Cissé parle de Régis Bogaert, c’est avec l’émotion d’un sherpa. «Quand j’ai pensé être entraîneur, j’ai tout de suite pensé à lui ; il m’a toujours suivi et prodigué ses conseils qui ont été assez intéressants», confiait l’ancien capitaine des «Lions», à la suite d’une séance d’entraînement avec les «Lionceaux» au stade Léopold Sédar Senghor. «Entre Régis et moi, conte Aliou Cissé, c’est une relation de plus de vingt ans. Je l’ai eu comme coach quand je suis arrivé comme joueur au LOSC et nous avons travaillé pendant sept ans.» Formé chez les «Dogues» où il a évolué de 1995 à 1997, Aliou Cissé a côtoyé Bogaert pendant plusieurs années. A Lille, il a occupé «pendant plus de 15 ans» le poste d’entraîneur chez les catégories jeunes. Pendant un an, il fut entraîneur adjoint de l’équipe professionnelle de Lille dirigée à l’époque par Pierre Mankowski, l’actuel sélectionneur de l’Equipe de France Espoirs. Après deux ans comme Manager général à Wasquehal, Bogaert passe superviseur pour le compte de la cellule de recrutement du Stade Brestois et se meut entre Lens, Boulogne, Sedan et Amiens, ou encore les D1 belge et néerlandaise. Il sera aussi Manager général au sein de l’équipe première de l’U.S Lesquin et directeur sportif des stages de football Antoine Sibierski. Un parcours du combattant dans l’antichambre de l’élite qui ne l’empêchera pas de garder le lien paternaliste qui le soude à Aliou Cissé.
Bogaert garde la même émotion et voile sa voix de la même affection quand il parle d’Aliou Cissé qu’il a vu grandir, évoluer et mûrir. «J’étais, à la formation, responsable de l’équipe où il jouait pendant quatre ans, mais aussi je les accompagnais pour les faire grandir dans leur vie d’homme, parce qu’ils avaient entre 15, 16 et 17 ans», révèle le Français de 55 ans, fier d’avoir «apporté (sa) petite contribution à ce qu’Aliou devienne le joueur qu’il fut et l’homme qu’il est aujourd’hui». Le voilà encore présent pour guider les premiers pas du sélectionneur qu’il sera.
Un préparateur mental
PROFIL – C’est connu. Qui se ressemblent, s’assemblent. Si Cissé est resté si fidèle à son mentor, c’est que ce dernier épouse parfaitement les valeurs qui l’ont longtemps caractérisé. Bogaert, préparateur mental dans l’âme, ne pouvait voir l’ancien capitaine des «Lions» passer sans lui taper dans l’œil. Dans ce registre, le nouvel entraîneur adjoint de l’Equipe nationale du Sénégal, excelle. Ses connaissances touchent «le coaching de managers, de team-leaders, la gestion de conflits et de communications difficiles». Un profil idéal pour panser les blessures nées de la fracture entre Alain Giresse, entraîneur sortant, et une large partie des joueurs, dirigeants, techniciens et journalistes ? Peut-être bien que oui. Avec l’équipe olympique du Sénégal, Bogaert a travaillé avec les joueurs sur la notion «d’identité». On lui prête également la compétence «de préparateur mental sportif ou d’entreprise dans une logique de performance intelligente». Un profil idéal pour contraster d’avec le caractère bouillant prêté à Aliou Cissé et qui pourrait faire des étincelles face à une sélection de fortes têtes et dans un environnement aussi compliqué que l’est celui de l’Equipe du Sénégal. Sûrement. C’est également connu. Les contraires s’attirent.
Le lien d’une promesse
Le compagnonnage entre Aliou Cissé et Régis Bogaert est surtout le fruit d’une promesse tenue. A Wasquehal déjà, les deux hommes auraient pu commencer leur collaboration. Mais l’ancien international sénégalais, reconverti entraîneur et désireux de faire ses premiers pas aux côtés de son ami, n’avait pas obtenu le feu vert du club. «Il avait voulu se mettre gratuitement à la disposition de Wasquehal, qui avait refusé», se remémore le Français. Un coup du destin qui forgea les bases de la collaboration. Tout part d’une promesse alors tenue par Aliou Cissé, renforcé par une telle déconvenue. «Je te garantis qu’un jour, on travaillera ensemble», lui dit-il. A 39 ans, Cissé n’est plus ce jeunot plein de fougue qui «aboyait» à tout-va. Aujourd’hui assagi, sans pour autant perdre un pouce de son tempérament, le nouveau patron de la «Tanière» sait pouvoir compter sur un soutien inébranlable et fidèle qu’il est allé chercher au cœur de sa jeunesse. Pour donner un nouveau souffle à une sélection dont le moral est au degré zéro.