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La prochaine fois que le Sénégal pourrait organiser une Coupe d’Afrique des nations seniors, c’est en 2025. Dans dix ans. Trente-trois ans se seront alors passés depuis le dernier rendez-vous à Dakar et à Ziguinchor, en 1992. Et cette éternité de temps pourrait s’allonger encore. Dix ans, c’est peut-être court pour solder le compte des insuffisances, des incapacités, des limites objectives et des ambitions à ras de terre. Mais c’est peu quand on a l’ambition et la vision, pour un Etat.

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Ce n’est certes pas un drame de voir prés d’un demi-siècle passer sans que la Can ne fasse de nouveau un détour par le Sénégal. Quand la Côte d’Ivoire, désignée pour 2021, sera de nouveau à l’honneur, les souvenirs de la “dernière fois” renverront les Ivoiriens à 1984. Soit trente-sept ans plus tôt. Les Camerounais, pressentis pour 2019, auront attendu quarante-quatre ans, depuis la Can-1972, pour revenir à la case départ. Pour les Guinéens, ce sera une première que d’accueillir l’épreuve en 2023. Une énormité pour ce grand pays de football, mais à la gouvernance médiocre et erratique.

L’immensité d’un continent qui offre à la Caf cinquante-quatre Etats membres, est bien de nature à allonger la ronde pour le passage du témoin. Mais il se trouve aussi que l’indigence de la plupart des pays et leur nanisme footballistique concentrent les capacités à postuler dans un petit cercle de prétendants.

Depuis les années 1980, seuls quelques gros bras ont accueilli la Can à deux reprises : le Nigeria, l’Egypte, la Tunisie, l’Afrique du Sud, le Ghana et le Maroc (avec l’édition de 2015).

On peut faire la corrélation entre le classement Fifa de ces pays et leur indice de développement établi par la Banque mondiale. A ce jeu, leurs Pnb économique et footballistique devraient coller aisément. Une telle conjonction n’est pas d’une évidence absolue. La concordance ne relève pas non plus du hasard. Car si la richesse ne suffit pas à garantir les performances souhaitées (la culture sportive est essentielle), elle peut accoucher de résultats qui sont autant de prémices pour des lendemains éclairés.

Penser aujourd’hui à une Can au Sénégal pourrait relever de l’illusion suicidaire. L’existant est minime. Les possibilités futures sont maigres. L’indigence qui frappe le pays n’est pas dans les infrastructures routières, encore moins dans le registre hôtelier. C’est dans le troisième pilier du cahier des charges que le dossier flanche : les stades.

Devant une Can qui se joue à trente-deux équipes, le Sénégal est resté à l’âge du bronze ; c’est-à-dire quand seize formations suffisaient à faire la ronde.

Pays mineur, on est resté dans l’accueil des rendez-vous confidentiels. Et même ces championnats d’Afrique pour disciplines de second rang, que le Sénégal accueille occasionnellement, apparaissent parfois comme des habits trop amples dans lesquels les comités d’organisation flottent avec leurs maigres moyens, leurs lots d’improvisation et leurs couacs…

A leur corps défendant, on peut dire que c’est souvent le sacerdoce d’un groupe de bénévoles qui se retrouvent assommés par le lâchage de la puissance publique.

Le poids de certaines compétitions internationales, notamment les disciplines “lourdes”, est devenu tel qu’elles trainent le poids des faillites financières et suscitent méfiance. Le Brésil, qui a fait stade comble pour les quarante-huit matches du dernier Mondial, traine la honte du 7-1 ramassé en demi-finales contre l’Allemagne, mais les argentiers du pays s’en tamponnent devant le gouffre financier à combler.

Et pourtant il n’y a pas une fatalité du déficit dans les compétitions sportives. Au plan économique et social, les retombées ne sont pas toujours nulles. Au plan sportif, la capitalisation est toujours riche en effets induits. Tout est dans la maîtrise des projets. Avec l’implication des collectivités locales, la participation des privés et la responsabilité de l’Etat, il y a de quoi oser se positionner sur le calendrier multidisciplinaire des compétitions internationales.

Organiser de manière récurrente permet d’avoir la culture, de maîtriser le processus et de penser les manifestations sportives comme des modèles économiques. L’impression qui demeure, au Sénégal, est d’avoir affaire à des francs-tireurs qui baignent dans l’informel et manipulent des bouts de ficelles plus qu’ils ne portent des projets.

Le prochain grand rendez-vous sportif au Sénégal reste la Can U20, prévue en mars 2015. Ses destinées reposent entre les mains d’un capitaine plébiscité en maints domaines et président du Cnoss. On est impatient d’apprécier.

En attendant, devant le désistement de la Libye pour la Can-2017, le Sénégal aurait fait un superbe candidat de remplacement comme la Caf en cherche. Qualifier l’équipe nationale pour Maroc-2015, faire de cette compétition un tremplin pour aller vers Sénégal-2017 avec une équipe (notamment les olympiques de 2012) arrivant en phase de pleine maturité dans deux ans, offre une ligne de progression qui laisse rêveur.

Encore aurait-il fallu qu’on sache lever le nez du guidon pour voir large et loin. Mais qui se souvient encore du projet “Sénégal horizon 2020” ?  Malick Gakou l’avait lancé alors qu’il était ministre des Sports. C’était il y a juste deux ans. Il prévoyait l’organisation… de la Can-2019 au Sénégal. Un comité ad-hoc avait même été mis en place.

Cherchez dans les poussières des tiroirs…

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