Publicité

Souleymane Camara parle comme il joue. Sobre. Sans esbroufe. Mais avec assurance. Pour la première fois, il ouvre son carnet secret, pour dire comment les épreuves l’ont forgé. Petit Jules a grandi.

Publicité

LA MATURITE : «Avec l’âge, je réfléchis autrement»

«Elle est liée à beaucoup de paramètres. Le fait de côtoyer des grands m’a permis d’apprendre. Avec l’âge aussi, on réfléchit autrement. Étant jeune, on court dans tous les sens. Le métier qu’on fait demande de la patience et une capacité à gérer les épreuves, quelle que soit leur nature. A Monaco, à Nice, à Guingamp, j’ai toujours vécu des moments difficiles. Mes débuts à Montpellier n’étaient pas faciles non plus. Mais je me suis toujours armé de patience. Depuis ma tendre enfance, et plus tard à l’école de football Ousseynou Diop et à Aldo Gentina, on m’a inculqué le culte du travail et de la patience. Il n’est pas aisé pour un entraîneur de football de choisir 11 joueurs sur une liste de 23 joueurs. Cela ne sert à rien de parler si l’on n’est pas choisi. Ça ne fait pas partie de mes habitudes. Certains interprètent cela comme de la timidité, trop de gentillesse pour d’autres, mais ce n’est pas parce que je ne dis rien que je suis disposé à tout avaler. Mais je dis les choses quand il le faut.»

LES EPREUVES : «Sifflé et insulté à Nice, j’arrivais à la maison en pleurs»

«J’ai vécu des moments très difficiles à Nice. Je n’en avais jamais connus de pareils. A Monaco, le coach me tenait des discours qui ne correspondaient pas aux actes qu’il posait. Il disait me faire confiance, mais ne me faisait pas trop jouer et ne voulait pas que je parte. Mais au moins, il prenait le temps de me parler. A Nice, ça a été très dur pendant deux ans. L’entraîneur, Antonetti (Frédéric, 2005-2009), était venu à Monaco me demander si j’étais intéressé par un transfert à Nice. Ma réponse a été : «Oui, mais cela fait un an et demi que je ne joue pas régulièrement. Il me faut du temps pour retrouver le rythme. Je ne demande pas une place de titulaire, mais soyez juste avec moi si je suis bon à l’entraînement. Parce que je vais me battre pour gagner ma place.» Il me dit : «Écoutez, je vous en laisserai le temps.» Quand je suis arrivé, on m’a mis dans le bain, j’ai fait mes matches et franchement, je n’étais pas bon du tout. Au bout de six mois, l’entraîneur m’appelle et me dit : «Écoute Souleymane, je n’ai pas besoin de toi. Tu peux chercher un autre club. Je lui dis : coach, je comprends votre déception, mais je vous promets de me battre. J’ai signé pour quatre ans, j’ai envie de rester. J’ai juste besoin de temps.» Mais pendant les matches, je me faisais tout le temps siffler et insulter. C’était très dur. J’arrivais à la maison pratiquement en pleurs. La présence de mon fils et de ma femme, ainsi que la lecture du Coran, m’ont permis de relativiser beaucoup de choses. Ces moments difficiles m’ont requinqué. Je n’avais pas le droit de baisser les bras. Il fallait surmonter les épreuves ou me laisser abattre. Dieu merci, elles m’ont forgé. Je n’aime pas en parler, c’est derrière moi, mais je vivais des moments très difficiles. Les critiques venaient de partout, même du Sénégal.»

LA FORCE : «Ma foi en Dieu»

«Je remercie le bon Dieu d’avoir fait de moi un musulman. Dans des moments difficiles, il faut toujours s’en remettre à Dieu. Je suis toujours animé de cette volonté inébranlable de me battre pour reprendre ma place. En plus de la foi, ma femme et mon entourage m’ont beaucoup aidé.»

SECRET DE LA LONGEVITE : «Le sérieux et la performance»

«Dieu merci ! Il y a aussi Henri Camara et El Hadji Diouf, qui jouent toujours. J’ai joué très tôt. Je n’avais que 19 ans quand j’intégrais l’équipe nationale en 2002. Là, je n’ai que 31 ans. Mais à 30 ans, les gens vous font vieillir. C’est plutôt l’âge de la maturité. C’est à 27 ans que Zidane a vraiment explosé. Dans ce métier, on est obligé d’être sérieux et performant. En début de saison, physiquement, j’avais du mal, parce que j’étais blessé et en préparation. Mais là, je commence à retrouver mes sensations. Je ne suis pas encore au top. Le fait aussi d’avoir pris ma retraite internationale m’a permis de me concentrer davantage sur mon club. Avant, j’avais trois charges : la sélection, le club et la famille. Je n’en ai que deux maintenant : la pression familiale et le club. J’ai beaucoup donné à la sélection, elle me l’a bien rendu, mais le moment était venu pour moi d’arrêter et de prier pour que la relève fasse mieux que nous. Par rapport au travail qu’on avait commencé, de 2000 jusqu’en 2002, on avait une équipe pour gagner quelque chose. Malheureusement, les résultats n’ont pas suivi. Entre joueurs, on se dit qu’on est passé à côté de quelque chose de grand.»

MODE DE VIE : «Je ne suis pas bling-bling»

«Ce n’est pas une question de star. Chacun a ses goûts. Si j’ai envie de porter une chaîne ou faire une coupe, je le fais. Mais je ne me vois pas mettre une chaîne, c’est interdit par ma religion. Je n’ai pas été élevé comme ça non plus. La veille d’une Tabaski, j’avais fait une coupe à la Gascogne : les deux côtés de la tête rasés, un peu de cheveux au milieu et du gel dessus. Mais le jour de la Tabaski, mon père m’a rasé toute la tête et m’a dit qu’il ne voulait plus me voir avec une coupe pareille. Depuis, je rase ma tête. A chacun ses goûts. Moi, je ne suis pas bling-bling.»

iGFM

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici