Publicité

C’était un samedi 17 août 2013, Habib Bèye signe ses grands débuts comme consultant de la Premier League en commentant Liverpool-Stoke City (1-0) sur Canal+. L’ancien international sénégalais, ancien capitaine de l’Olympique de Marseille, de 37 ans, faisait son baptême du feu sur la chaîne cryptée. Aujourd’hui, à l’occasion de la Coupe du Monde, il fait partie des consultants les plus suivis sur les réseaux sociaux. L’enfant de Thiaroye qui a fait des piges à Marseille, Newcastle, Aston Villa et Doncaster Rovers raconte sa nouvelle vie de consultant. Et comme sur le terrain, Habib se donne à fond,  pour son nouveau job qui lui «procure beaucoup de plaisir et de fierté». Joint au téléphone par L’Observateur, il parle de sa nouvelle passion.

Publicité

Vous avez arrêté votre carrière à Doncaster Rovers (Premiership, Angleterre), comment êtes-vous tombé dans les studios de Canal + pour devenir consultant de la chaîne cryptée ?

J’ai fait une rencontre avec un journaliste de la chaîne, Ludovic Duchesne (journaliste sur la Ligue 1) qui m’a proposé de faire un essai, parce qu’il trouvait que je correspondais au profil d’un consultant. Ensuite, j’ai fait un premier essai pendant le mois de juillet, la saison dernière. Voilà comment ça s’est passé. Et tout de suite après, j’ai rencontré Laurent Jaoui, Rédacteur en chef de Canal+ qui m’a proposé de travailler pour Canal+ sur la Premier League anglaise, où j’ai joué pendant cinq (5) ans.

Vous avez fait votre baptême du feu en août dernier lors du match Liverpool-Stoke City (1-0), comment vous l’avez vécu ?

C’est un bel exercice auquel il faut travailler, parce que c’est un métier difficile. Etre consultant, ce n’est pas juste d’aller regarder un match, il faut essayer d’expliquer, d’être précis, d’apporter un plus aux téléspectateurs, c’est ce que j’ai essayé de faire. Et petit à petit, je suis monté en puissance. Ensuite, j’ai fait des plateaux de télévisions avec The Specialists qui est l’émission de la Premier League. Ensuite, j’ai intégré Canal+ Horizon où je commente des matchs de Champions League, d’Europa League sur l’Afrique et je fais actuellement la Coupe du Monde avec Canal+.

Est-ce que la télé est un choix définitif ou envisagez-vous de passer vos diplômes d’entraîneur ?

J’envisage de passer mes diplômes d’entraîneur, je suis en train de regarder des pistes qui vont s’offrir à moi et travailler là dessus. On verra. Ça m’intéresse d’apporter quelque chose. Après, on verra si c’est dans l’immédiat ou dans quelques années, c’est une question d’opportunités, mais je pense qu’il est important d’avoir des diplômes pour avoir une légitimité pour le métier d’entraîneur.

Le métier de Consultant à Canal+ est-il contraignant ?

Non, ce n’est pas du tout contraignant, c’est un job assez intéressant, parce que ça vous permet de voyager, de voir des matchs et de rester un peu dans la continuité de ce qui était votre métier. C’est vrai que rester dans le milieu professionnel pendant quinze ans et arrêter du jour au lendemain, le football vous manque, l’esprit d’équipe vous manque. Maintenant, en ayant ce rôle de consultant, ça me permet de rester dans le milieu du foot, d’avoir l’impression d’exercer toujours ma passion à travers une autre activité. Du coup, ce n’est pas du tout contraignant, on prend du plaisir à regarder les matchs, essayer de les analyser et d’apporter un plus à la personne qui est devant sa télé. Je fais de mon mieux possible, je progresse chaque jour. C’est un plaisir de le faire en tout cas. J’ai toujours été quelqu’un d’assez ouvert, je suis quelqu’un d’assez ouvert aussi avec les médias, je n’ai jamais eu de problème pour me présenter à la télé ou discuter avec les journalistes. A partir de là, c’est un autre métier, ce n’est pas juste parler à la télé, il faut être capable de bien présenter, pouvoir voir, vous exprimer, avoir une bonne élocution. Donc être consultant, c’est un vrai métier ; ce n’est pas juste mettre le costume et la cravate.

Vous avez été de l’épopée des «Lions» du Sénégal à la Coupe du monde 2002, qu’avez-vous senti en commentant les matchs des équipes africaines ? 

J’ai eu des frissons en regardant le match des huitièmes de finale entre l’Algérie et l’Allemagne (1-2), car les Algériens étaient tout près de l’exploit. Ils ont livré un match de grande qualité et c’est un peu à l’image de ce que nous avions fait contre la Suède. Nous avions la chance de gagner ce match sur le score de 2 buts à 1. Et l’Algérie a perdu par 2 buts à 1 et ça m’a rappelé des souvenirs de cette superbe épopée de 2002 avec Bruno Metsu, Jules Bocandé, Mansour Wade (Paix à leurs âmes !), mais quand j’ai vu l’équipe d’Algérie, j’ai eu l’impression de voir notre équipe en 2002.

A Canal+ est-ce qu’on vous parle souvent de cette campagne de 2002?

On me parle beaucoup de l’épopée de 2002, il ne faut pas oublier qu’on a marqué l’histoire du football mondial. Aller en quarts de finale pour un petit pays comme le nôtre et pour une première participation en Coupe du monde, être capable de battre le champion du monde et le champion d’Europe, la France. Ensuite, nous avons battu la Suéde en huitièmes de finale et notre groupe avec de grands joueurs, Diouf, Fadiga, Ferdinand Coly, Aliou Cissé …nous avions marqué le monde du foot.

Des échos provenant de Dakar sur vos prestations à Canal + vous parviennent-ils ?

Sur les réseaux sociaux avec Twitter, je suis énormément suivi par des gens qui vivent au Sénégal. Donc, c’est vrai que j’ai des compliments de certaines personnes qui me disent qu’ils sont satisfaits et fiers de ma reconversion. J’ai eu des anciens joueurs comme Aliou Cissé qui m’ont félicité. Il m’a dit qu’il était fier, comme moi aussi je suis fier de le voir entraîner les Olympiques. Nous sommes restés tous en contact et c’est heureux que chacun puisse faire son petit bonhomme de chemin. J’ai été, le mois de février dernier, au Sénégal avec ma femme et mes enfants, j’ai rencontré Ferdinand Coly et nous avons discuté de tout. Mon meilleur ami, c’est Lamine Diatta. On se parle deux à trois fois par semaine, on se voit également à Paris.

On a vu des joueurs comme Christophe Dugarry et Marcel Dessailly réussir à s’installer à Canal +. Vous inscrivez-vous dans cette logique ?

Le but, c’est de s’imposer. C’est une chaîne de football, de sport. Pour le moment, ils sont contents de mon travail en espérant que ça puisse continuer. Je monte en puissance au fil des années, je fais de plus en plus d’émissions, de matchs. Cela prouve qu’ils sont contents de votre travail. C’est comme en football, si vous êtes bons vous progressez, sinon ça s’arrête.

Parmi les huit équipes en quarts de finale, qui voyez-vous aller au bout ?

J’ai dit dès le départ que je voyais une finale Brésil-Argentine avec une victoire de l’Argentine. Après, les jeux sont ouverts. On a eu beaucoup de surprises dans cette Coupe du monde et si l’on regarde bien à part le Costa Rica, les sept autres sont des équipes d’Europe et d’Amérique du Sud. La logique est respectée, les favoris sont là. On l’a vu en huitièmes de finale, ça été difficile pour la France, l’Allemagne…mais le Brésil joue à domicile et l’Argentine avec un Lionel Messi, Di Maria peut aller en finale.

Avez-vous été déçu par les histoires de faits divers, de primes notamment qui ont pollué les vestiaires des équipes africaines ?

C’est toujours décevant, parce que nous aurions aimé voir plus d’équipes africaines au second tour. Mais comme on dit, c’est la première fois dans l’histoire de l’Afrique que deux équipes se qualifient en huitièmes de finale. A partir de là, nous pouvons être satisfaits du parcours de l’Algérie et du Nigeria. Dommage que pour des problèmes d’argent ou des problèmes relationnels, certaines équipes n’ont pas montré ce qu’elles auraient dû montrer. La Côte d’Ivoire avait l’opportunité de sortir d’un groupe abordable, malheureusement cela ne s’est pas fait. Dommage aussi pour cette génération de joueurs comme Didier Drogba, Yaya Touré, etc.

Est-ce que ça paie bien le métier de consultant à Canal + ?

Ce n’est vraiment pas une question d’argent, mais plus une question de passion. Vous savez, l’argent on en gagne beaucoup quand on est footballeur, ensuite le reste c’est d’être capable de s’occuper, de trouver quelque chose qui vous plait. Après, l’argent c’est aléatoire. Je n’ai jamais joué au football pour l’argent, je ne fais pas ce métier pour de l’argent.

 

iGFM

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici