Des 12 dernières participations des « Lions » à la phase finale de Coupe d’Afrique, le Sénégal n’avait jamais aussi rapproché du sacre que lors de l’édition de 2002 au Mali. Ils avaient perdu la finale aux tirs de but devant le Cameroun. Cette campagne, avait préludé un élogieux parcours des Lions au Mondial asiatique. Mais elle est surtout restée graver dans les annales du football sénégalais, pour avoir jusqu’ici la campagne référence de toutes les Can auxquelles le Sénégal a participé. Les Lions ont fait leur première apparition dans la compétition africaine en 1965 à Tunisie. Ils l’ont entamé en fanfare. La bande de Yérim Diagne, Oumar Guéye Samb, Matar Niang, Moustapha Dieng, Issa Mbaye, Louis Camara, Louis Gomis, Yatma Diouck, Demba Thioye, Ousmane Camara « Men »,Toumani Diallo ont d’entrée impressionné en surclassant l’Ethiopie, championne d’Afrique trois ans auparavant (1962) sur la marque de 5 à 1.
Au même moment, les Tunisiens étaient aussi sans pitié en se balladant face aux mêmes adversaires (4-0).
Lors de leur troisième confrontation contre le pays organisateur, le Sénégal accroche le nul (0-0).
Devant cette égalité, le Sénégal était tout simplement sacrifié au profit du pays hôte.
Les quatre buts marqués par les Tunisiens contre zéro buts encaissé, comptera plus que les cinq buts inscrits par les Lions. Le scandale de l’élimination restera sans doute à travers la gorge de nombreux acteurs de l’époque qui regrette encore l’amateurisme. Du moins le peu de cas dont l’encadrement de l’époque avait fait preuve.
N’empêche, le Sénégal abordera sa deuxième Can en 1968 sous de meilleurs auspices. Sa potentialité et la qualité du son jeu de son équipe séduisent beaucoup de spécialistes du football nationaux comme internationaux.
Yatma Diop, Doudou Diongue et compagnie se signalent d’entrée et parviennent à tenir en respect les grandissimes favoris du Ghana (2-2). Mais le ticket pour les demies-finale largement à la portée de hommes du trio Lamine Diack, Mawade Wade et Jo Diop, échappe une fois de plus au Sénégal lors qu’ils perdent dans les ultimes secondes leur dernier match de poule contre le Congo. Les « Lions » ne s’en remettront jamais de cette campagne en terre éthiopienne qu’ils avaient éclaboussée de leur talent.
Le Sénégal ne s’en relevera pas de sitôt. Plusieurs générations de footballeurs, les uns plus talentueux que les autres, ne connaîtront pas cette joie de défendre les couleurs sénégalaise à une phase finale de Coupe d’Afrique.
17 ans de traversée du désert
Il a fallu attendre dix sept longues années pour voir le Sénégal retrouver le ghota du football africain. Oumar Guéye Séne, Cheikh Seck, François Bocandé, Roger Mendy, Locotte, Racine Kane, Thierno Youm, Joseph Koto, Moussa Diop Quénum, Amadou Diop entre autres, vont porter à nouveau les espoirs du Sénégal et frappent les esprits à leur retour à la Can de 1986 en Egypte. Mais que de regrets encore. Vainqueurs des Pharaons (1-0) et du Mozambique (2 à 0), le Sénégal est coiffé au poteau au niveau de cette poule après la défaite qu’il a subi face à la Côte d’Ivoire (1-0).
Algérie 1990, la Can s’ouvre de nouveau au Sénégal. Les Lions étaient revenus avec de meilleures intentions. Une partie de la génération 1986, renforcée par cette nouvelle vague représentée par Moussa Ndao, Mamadou Maréme Diallo, Moustapha Diagne, Lamine Sagna, Sylvestre Coly, Lamine Ndiaye se paie du Cameroun d’Emannuel Kundé. Le Sénégal accéde pour la premiére fois en demi-finale. Les Lions tomberont ensuite sur l’Algérie de Rabah Madjer et lui tiennent tête devant son public. Pas pour longtemps. Djamel Menad qui s’infiltre sur la défense des « Lions », réussi à battre le gardien Cheikh Seck (2-1).
Le Sénégal terminait quatrième après une défaite en match de classement. A la tête des Lions à Alger 90, Claude Leroy tenait encore les rênes de l’équipe nationale pour la Can 1992 que le Sénégal accueillait en 1992. L’avantage de jouer devant son public était un atout non négligeable pour l’équipe nationale du Sénégal.
Le noyau de Caire 86 était encore là Hélas, mais les « Lions » manqueront encore ce tranchant pour pouvoir imposer son football sur cette compétition qui se jouait, pour la première fois, à 12 équipes. Le Sénégal tombe sur le Cameroun et se fait surprendre (1-0). La désillusion et totale. Sénégal 1992 sonne le glas à cette génération de 1986.
Pour sa sixième participation à l’édition 1994, le Sénégal ouvre un nouvel page avec le duo d’entraîneur composé Locotte-Jules François Bocandé.
Dans cette équipe formée autour de Momath Guéye, Adolphe Mendy, Athanase Tendeng et autres Souleymane Sané, les Sénégalais tirent leur épingle du jeu en phase de foule mais il tombe sur un redoutable adversaire, la Zambie. Cette formation, construite quelques mois seulement après le terrible crash sur le chemin de Dakar, aura cependant raison des «Lions» en quart de finale (1-0).
Le déclic et le renouveau de 2000
Le renouveau du football sénégal se dessinera à la veille même de la Can 2000 au Nigéria. Sous la houlette de Peter Schnitger, Moussa Ndiaye, Oumar Diallo, Pape Sarr, Henri Camara, Khalilou Fadiga, Mamadou Sylla, Pape Niokhor Fall, Pape Malick Diop, qui apportent une touche à la fois athélétique et technique au jeu, les Lions s’affirment.
A la Can nigériane, les « Lions » s’imposent en phases de poules et retrouvent le pays organisateur en quart de finale. La bande à Pape Sarr est sans complexe devant les Supers Eagles portés par un stade Surelelé archicomble. Le gaucher magique, Khalilou Fadiga, ouvre le score pour le Sénégal, à la surprise générale (60e min). La pression est toutefois trop forte sur les épaules des «Lions». La résistance sera d’une courte durée puisque le virvoltant Juluis Aghahowa va surgir entre le défenseur sénégalais et son gardien pour égaliser à la 80e min. L’espoir des Lions sera anéanti par le même Aghahowa dans les prolongations lors qu’il aggrave le score à la 93e min. Le tout dans une ambiance surréaliste où le public avait déjà envahi le stade.
Cette campagne était pleine de promesses pour l’équipe du Sénégal. Il marque le début d’une nouvelle génération. Celle-ci aura l’occasion de s’affirmer davantage durant la Can du Mali en 2002 avec cette génération conduite par El Hadji Ousseynou Diouf, sacré deux fois ballons d’or en 2002 et 2003, Aliou Cissé, Habib Béye, Salif Diao, Ferdinand Coly, Amdy Faye, Pape Bouba Diop, Henri Camara entre autres. Elle hisse le Sénégal en finale et revient en force en 2004 pour l’édition disputée en Tunisie en 2004.
Auréolés d’une place de quart de finaliste du Mondial 2002, les « Lions » entraînés par Guy Stephan se montrent cependant moins fringantes. Ils tombent en quart de finale sur la Tunisie et se font éliminer (1-0). Deux ans pus tard, le duo Abdoulaye Sarr-Amara Traoré, expérimenté sur le banc lors de la Can 2006. Le Sénégal parvient à tirer son épingle du jeu en décrochant la qualification en demi-finales.
Mais en face du bouillant public cairote, les coéquipiers de Mamadou Niang, auteur du premier but sénégalais dans le match, donnent le change aux Pharaons. Toutefois, ils seront obligés de plier en fin de match avec la complicité de l’arbitre de la partie qui ferme les yeux sur un pénalty qui aurait changé la rencontre, suite à une flagrante faute sur Diomansy Camara. Les «Lions» de 2002, n’étaient plus les mêmes. Malgré quelques individualités comme El hadji Diouf et Tony Sylva toujours en place, le Sénégal fera pâle figure dans l’expédition ghanaénne en 2008. La bande à Mamadou Niang, Abdoulaye Diagne connaitront même un retentissant échec dont l’onde de choc ne tarde pas ébranler la tête du football sénégalais et entraîné le départ des dirigeants de la fédération sénégalaise.
Emporté par les résultats de son équipe, le sélectionneur Henri Kasperczak, devra céder la place à Lamine Ndiaye.
Absent de la Can 2010, le Sénégal avait réussi à signer son retour à la 2012 en Guinée équatoriale. Le retour en grâce du Sénégal est porté par une autre génération que l’on a vite fait de comparer à sa talentueuse devancière de 2002.
L’espoir renaît.
Il est chapeauté par l’ancien attaquant des « Lions », Amara Traoré. Ndiaye Dème Ndiaye, Jacques Faty, Bouna Coundoul, Cheikh Mbengue, Issiar Dia, Demba Bâ, Souleymane Diawara, Moussa Sow, Papiss Demba Cissé, Mamadou Niang, entre autres survolent les éliminatoires avec 5 victoires et un match nul. Le Sénégal sera toutefois que l’ombre de lui-même et termine la Can 2012 avec trois défaites. C’est la pire Can des « Lions ». Une grosse désillusion. Un affront que les « Lions » devront au plus vite effacer. Ils l’ont tous promis à la veille de cette 30e édition en Guinée équatoriale qu’il attaque ce lundi à Mongomo. Fort d’un bon parcours en éliminatoires, le Sénégal du sélectionneur Alain Giresse, est logé dans la poule C dite « de la mort » où figure les mondialistes algériens et ghanéens mais aussi de l’Afrique du Sud.